Lésions bénignes et lésions malignes : dermatologue ou chirurgien

Lésions bénignes et lésions malignes : dermatologue ou chirurgien

Lésions bénignes

Comme les grains de beauté (naevus), les lipomes, les kystes, les xanthelasmas, etc.

Il est très fréquent de présenter des lésions de peau bénignes, qui sont douloureuses, deviennent volumineuses ou peuvent s’infecter.

La chirurgie est souvent le seul traitement possible (notamment pour les grains de beauté, les lipomes, les kystes). Le retrait de ces lésions doit être justifié médicalement, car il restera dans les suites une cicatrice souvent plus grande que la lésion elle-même.

Cependant, tout ne s’opère pas et d’autres procédés comme l’azote liquide, ou certaines crèmes peuvent être plus adaptés que la chirurgie. Le dermatologue, médecin spécialisé des maladies de la peau, est un partenaire complémentaire du chirurgien plasticien.

Son expertise est indispensable, notamment dans le domaine des grains de beauté et des cancers de la peau.

Les lésions bénignes les plus couramment retirées sont :

Les grains de beauté (ou naevus)

Les grains de beauté peuvent apparaître dès la naissance (naevus dits « congénitaux » : rares), déjà dans la petite enfance, puis après l’adolescence ou à la suite d’expositions solaires, ils se constituent régulièrement.

Il existe des « familles à grains de beauté » : les naevus sont alors souvent nombreux sur le même individu. Il faut alors se protéger d’autant plus du soleil, pour limiter leur transformation cancéreuse (en mélanome malin) et leur nombre.

Une surveillance annuelle des naevus, par un dermatologue, est conseillée dès l’âge de 10 ans. Les naevus congénitaux doivent faire l’objet d’un avis plus précoce.

En dehors de ces visites annuelles, vous pouvez vous « auto-surveiller », en suivant la règle « ABCDE » :

  • A : Asymétrie. Un naevus doit être symétrique (ronds ou ovales)
  • B : Bords. Ils doivent être réguliers (pas d’aspect en carte géographique).
  • C : Couleur. Elle doit être homogène (une seule couleur).
  • D : Diamètre. Au-delà de 6 mm, il est plus suspect.
  • E : Evolution. Toute forme d’évolution : surface, couleur, relief, saignement…

Ces critères doivent vous faire consulter.

Pour plus d’informations sur la surveillance, parlez-en à votre médecin traitant, à votre dermatologue ou consultez ce site : www.e-cancer.fr.

Le retrait des grains de beauté est donc souvent une demande émanant du dermatologue.

En consultation, il vous sera expliqué l’emplacement et la taille de la cicatrice, ainsi que les soins à envisager dans les suites.

L’intervention se fait au cabinet sous anesthésie locale en grande majorité.

Elle dure environ 30 minutes et vous repartez tout de suite après.

Les grains de beauté sont systématiquement analysés (c’est pour en connaître la composition qu’on les retire).

Les résultats vous seront expliqués lors de la visite de contrôle.

Vos médecins traitants et dermatologues reçoivent également les résultats.

Les lipomes

Les lipomes sont des « boules de graisse ».

Pour des raisons peu connues, la graisse s’organise en kyste (avec une membrane), au lieu de s’étaler finement.

Ces lipomes sont souvent sous la peau, mais peuvent se situer dans ou sous les muscles.

Ils sont fermes, lisses, mobiles, non douloureux.

Il n’est pas toujours facile de faire la différence avec un kyste de la peau.

Ils ne posent, en général, aucun problème (sauf ceux dans les muscles ou certains mal placés), mais ils peuvent évoluer en volume, réalisant alors des bosses parfois impressionnantes.

Il est rarissime que ces lipomes dégénèrent et se transforment en cancer.

Il existe souvent des « familles à lipomes » : avec de multiples lipomes disséminés sur les bras, le ventre…

Des localisations particulières proviennent parfois de maladies spécifiques comme la « bosse de Bison » (dans le haut du dos), etc.

Ils sont souvent retirés à la demande du patient, quand celui-ci ressent une gêne : évolution du volume ou mal placé.

Parfois, une échographie est nécessaire : pour confirmer le diagnostic en cas de doute, pour évaluer la taille (difficile à mesurer quand il est profond) et surtout pour le localiser précisément si la zone est délicate (cou, …).

S’il est de petite taille, son ablation se fera sous anesthésie locale au cabinet avec une cicatrice souvent limitée (inférieure à la taille du lipome).

S’il est plus volumineux : le retrait se fera avec une anesthésie plus profonde à la clinique.

S’il constitue une boule : il sera retiré classiquement (par une cicatrice en regard) et un drain sera parfois nécessaire pour aspirer les sérosités de la cavité laissée vacante.

S’il est plutôt aplati et étalé en surface (comme la bosse de Bison) : une lipoaspiration (cf) peut être plus esthétique, mais les récidives sont plus fréquentes (car la membrane entourant le lipome est laissée en place). De plus, la graisse ne pourra pas être analysée.

C’est un geste qui est simple quand le volume est modéré, mais qui peut se compliquer si on attend trop.

Les kystes sébacés

Les kystes sébacés sont très fréquents et résultent d’une glande « sébacée » (présente à la base de chaque poil) qui se bouche.

C’est un peu le même mécanisme qu’un « point noir » mais la sécrétion continue et la glande augmente de taille.

Le diagnostic est souvent fait quand il y a eu issue de sébum (substance blanche, épaisse et grasse).

Bien heureusement, tous ces kystes ne sont pas à retirer.

S’ils évoluent depuis plus d’un an, ils ne régresseront probablement plus.

S’ils ont été inflammatoires voir se sont abcédés, l’exérèse est vivement conseillée.

Dans le cadre d’une acné évolutive, il faut privilégier les traitements médicaux (souvent à base d’antibiotiques) : parlez-en à votre dermatologue.

Le geste chirurgical est radical : retrait du « poil malade » et de l’ensemble de la paroi de la glande.

Il est réalisé la plupart du temps, au cabinet, sous anesthésie locale.

Il ne peut pas se faire dans de bonnes conditions, si le kyste est inflammatoire.

S’il est abcédé, il faudra ouvrir pour évacuer les saletés, réaliser des méchages pour obtenir une cicatrisation et attendre que la situation se calme pour retirer la totalité du kyste (au moins deux mois après).

Les xanthélasmas

Un mot bien complexe qui définit des dépôts de graisse dans la peau au coin des paupières, parfois très volumineux et disgracieux.

Ils sont souvent liés à un trouble (familial) du cholestérol, ou des triglycérides dans le sang (possible même chez des personnes jeunes et minces).

D’autres maladies peuvent les provoquer.

Votre médecin traitant ou votre dermatologue fera un bilan et instaura le traitement adapté.

A distance, si les lésions persistent malgré le traitement, et notamment si les xanthelasmas se présentent sous forme de plaques peu étendues et/ou en relief, un geste chirurgical est possible ( au cabinet, sous anesthésie locale).

Des cicatrices en regard de chaque plaque sont nécessaires, mais sont souvent imperceptibles à long terme.

Si les plaques sont très étendues et nécessitent l’ablation de beaucoup de peau, la chirurgie est plus complexe (greffe de peau, lambeaux, …). On pourra alors tenter d’ autres solutions médicales comme le laser, la cryothérapie, … (taux de récidive variable).

La chirurgie est une solution efficace, notamment pour des plaques peu étendues ou épaisses.

Lésions malignes

Le chirurgien plasticien est un acteur majeur du traitement de cette maladie, toujours en équipe avec le dermatologue qui suspecte ou fait le diagnostic d’un cancer de la peau.

Les cancers de la peau se divisent schématiquement en deux familles :

  • Ceux qui seront guéris par le traitement chirurgical : pas de métastases mais des séquelles esthétiques possibles (la plupart des carcinomes de la peau).
  • Ceux qui peuvent évoluer après le traitement chirurgical et qui peuvent engendrer des métastases aux ganglions, et aux organes (notamment les mélanomes malins). D’autres traitements seront alors mis en œuvre (notamment chimiothérapie).

La fréquence des carcinomes et des mélanomes augmente tous les ans. Le facteur le plus souvent responsable est l’excès de soleil (notion de capital solaire).

Fort heureusement, la majorité des cancers de la peau sont des « cancers bénins » (carcinomes basocellulaires).

Mais il devient aussi de plus en plus fréquent qu’un même patient présente plusieurs carcinomes successivement.

La chirurgie est le seul traitement efficace de ces tumeurs.

Analyse des tumeurs

Une fois la tumeur retirée, une analyse au microscope permet de détailler la nature de celle-ci et d’indiquer si tout a été bien enlevé (pas de risque de récidive locale).

Dans certains cas, l’analyse se fait « en direct »: c’est-à-dire que le médecin anatomo-pathologiste se déplace (au cabinet ou à la clinique) pour examiner le pourtour de ce qui a été retiré.

S’ils restent des mauvaises cellules, on reprélève de la peau.

Cela permet de façon assez fiable, de limiter une exérèse (dans certaines zones difficiles comme le nez, les paupières, …), de s’assurer d’une exérèse suffisante (lorsque les bords de la lésion sont flous), ou de permettre une fermeture sereine (notamment si celle-ci est complexe).

Cet examen est nommé l’analyse extemporanée des berges.

Fermeture de la perte de substance

La chirurgie plastique et reconstructrice permet réaliser la couverture de ce qui a été nécessaire d’enlever, et notamment lorsque la situation est complexe (sur le nez, près des yeux, etc.).

Ainsi, les cicatrices résiduelles dépendront de la localisation, de la taille et du type de cancer.

La longueur des cicatrices est bien plus importante que la taille de la lésion traitée.

En effet, en plus de la tumeur, il faut retirer de la peau saine autour (« marges ») :

  • de 3 à 10 mm autour pour les cancers de bon pronostic,
  • de 10 à 30 mm autour pour les cancers plus agressifs.

Les modalités de l’intervention

Si la perte de substance peut être fermée simplement par rapprochement des deux berges : cette intervention se fera, le plus souvent, sous anesthésie locale au cabinet sans modification des traitements (même anticoagulant).

Si la fermeture est plus complexe (notamment au niveau du visage), l’intervention sera réalisée à la clinique (des Alpes bien souvent) sous anesthésie locale et neuroleptanalgésie (perfusion sédative en plus), ou sous anesthésie générale ; avec hospitalisation de quelques heures à quelques jours.

Une adaptation de certains traitements pourra être nécessaire.

Ainsi, lorsque le médecin vous adresse pour retirer ces lésions, il est souvent nécessaire de venir d’abord en consultation pour :

  • Organiser les modalités (cabinet ou clinique, type d’anesthésie, arrêt ou non d’un traitement),
  • Demander l’éventuelle aide d’un collègue anatomo-pathologiste,
  • Recevoir les informations quant au geste technique (cicatrices, impact socio-professionnel, etc.).

La prévention de ces cancers, et à fortiori si un cancer s’est déjà déclaré, est de se protéger du soleil.

Il est nécessaire de consulter son médecin traitant ou son dermatologue en cas de

  • lésion d’aspect inhabituel,
  • de saignement,
  • pour un « bouton qui ne disparaît pas »,
  • d’autant plus si un grain de beauté qui se modifie : cf règle ABCDE.

Une surveillance annuelle est proposée aux patients à risque ou ayant déjà présenté des lésions pré-cancéreuses, et est impérative pour ceux ayant eu un carcinome.

Les patients, ayant eu un mélanome, sont pris en charge dans des structures pluri-disciplinaires et la fréquence de surveillance est adaptée à chaque cas.

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